
La mission a été co-portée par Aude Nyadanu et Docteur Pauline Martinot
Pour améliorer la santé des jeunes, il est indispensable de les réconcilier avec un concept positif de la santé, apportant des bénéfices quasiment immédiats, associé au plaisir de vivre et au sentiment d’appartenance à une même société.
La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité : voilà la définition donnée par l’OMS. C’est pourquoi ont été ciblé les 2 objectifs suivants :
- Développer le bien-être du jeune à titre individuel
- Développer son sentiment d’inclusion dans la société
Changer de culture de la santé, pour passer du tout curatif vers une culture de la prévention et de la promotion de la santé, met en avant le sujet des interactions et collaborations entre les nombreux acteurs impliqués dans la santé et invite à créer plus de liens entre soins, éducation, sport, engagement, travail, etc.
La démocratie sanitaire est entrée prévue depuis la loi de 2002, mais n’est toujours pas suffisamment ancrée dans notre système de santé. Pourtant, il est plus que jamais nécessaire de consulter les bénéficiaires en amont des mesures politiques, non seulement pour recueillir et respecter les revendications de nos concitoyens, mais aussi et surtout pour concevoir ces dernières en regard des besoins exprimés. Il est tout autant nécessaire de prolonger cette écoute tout au long de l’existence des dispositifs, pour continuellement les ajuster, les améliorer et les ré-actualiser.
Cela est particulièrement vrai pour les jeunes, et ce pour deux raisons.
Tout d’abord, il est évident que “les jeunes” ne représentent pas un groupe homogène ayant les mêmes comportements et les mêmes perceptions. Plus que jamais, aujourd’hui, la personnalisation des messages et des services à leur disposition se révèle essentielle. La génération Z a grandi dans un monde largement dominé par le numérique : ils sont habitués à ce que les réseaux sociaux étudient leurs comportements et leurs goûts pour leur proposer les contenus qui leur ressemblent.
En deuxième lieu, les références culturelles et centres d’intérêt de la jeunesse évoluent à une vitesse considérable. On ne peut plus renouveler les messages de santé publique une fois par an quand les vidéos TikTok dont tout le monde parle au lycée restent populaires une quinzaine de jours à peine, puis retombent dans l’oubli. La vitesse d’adaptation des institutions doit tenter de rattraper la vitesse de production de contenu des réseaux sociaux.
Il existe de nombreux outils à disposition des jeunes, de leurs parents et des professionnels qui les entourent existent et ont prouvé leur efficacité, mais restent méconnus. Les dispositifs de dépistage gratuit ou de lignes d’écoute téléphoniques, par exemple, souffrent d’un manque de visibilité . Il est temps de repenser les voies de communication pour promouvoir ces dispositifs et veiller à ce qu’ils atteignent leur cible : les jeunes bien sûr, mais aussi leurs parents, qui restent la principale référence des jeunes et qui se trouvent bien souvent désemparés face à ces sujets.
Savoir qu’un dispositif existe, c’est une chose. Décider d’y recourir en est une autre. Avant de décider d’agir pour soi ou pour ses proches, l’individu a besoin d’apprendre à évaluer sa propre situation. Pour cela, il nous semble essentiel de développer et de diffuser des outils d’auto-évaluation comme le violentomètre qui permet de prendre conscience du degré de violence que l’on peut subir dans une relation amoureuse, des outils simples mis à disposition des jeunes et de leur entourage.
Le forum Giga la vie, créé et organisé par l’Institut des Hauts-de-Seine et le Département fait partie des dispositifs ressources « estampillés » par le ministère de la santé, qui a présenté les conclusions de son rapport.
Voici la synthèse des propositions

Proposition 1 : Ancrer la santé à l’école
Mesure 1.1 : Permettre aux jeunes de bouger plus tout au long de leur journée de cours
Mesure 1.2 : Renforcer l’importance du sommeil dans le développement du jeune
Mesure 1.3 : Proposer aux élèves des outils pour mieux gérer leur stress, travailler sur leur attention et sur leurs compétences psychosociales
Mesure 1.4 : Adapter le programme scolaire aux rythmes et aux besoins des enfants
Mesure 1.5 : Transformer l’école en un tiers-lieu de vie collective
Mesure 1.6 : L’école, un lieu de détection de harcèlement et de protection de tous les enfants
Mesure 1.7 : Renforcer la présence et le champ d’action des professionnels de santé à l’école
Mesure 1.8 : Accompagner le déploiement des ambassadeurs de santé pour soutenir le modèle de la promotion d’une bonne santé par les pairs
Mesure 1.9 : Développer des référentiels pour les métiers d’animateurs et d’éducateurs pour jeunes, qui soient ambitieux et basés sur les recherches sur le développement de l’enfant

Proposition 2 : Créer des “Healthspaces”, dispositifs d’accès à la promotion de la santé et de soutien pour les jeunes
Mesure 2.1 : Créer des healthspaces, à la fois présentiels et digitaux, pour aider les jeunes à se construire une santé solide
Mesure 2.2 : Développer les dispositifs d’ “aller vers” concernant les thématiques de promotion de la santé.
Mesure 2.3 : Former les professionnels qui rencontrent des jeunes au quotidien aux essentiels d’une écoute sans jugement, de détection des signaux précoces et de l’orientation vers les healthspaces.

Proposition 3 : Organiser des événements grand public d’ampleur autour des thématiques de santé
Mesure 3.1 : Créer un Festival de la santé pour favoriser le dialogue autour de la santé Mesure 3.2 : Organiser annuellement une journée “pyjama à l’école”
Mesure 3.3 : Organiser des week-ends de découverte des pratiques sportives
Mesure 3.4 : Organiser un événement national autour des défis sportifs (personnels et collectifs)
Mesure 3.5 : Mettre l’accent, lors des futurs Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, sur des thématiques de santé
Mesure 3.6 : Dédier un budget à l’organisation d’événements et concours originaux pour promouvoir la santé

Proposition 4 : Développer la littératie en santé des jeunes
Mesure 4.1 : Sanctuariser, dans la scolarité des jeunes, un temps d’éducation à la santé Mesure 4.2 : Rendre disponible cet enseignement en dehors de l’école également
Mesure 4.3 : Impliquer les jeunes eux-mêmes dans la conception ainsi que dans la réalisation des formations qui découlent de leurs besoins

Proposition 5 : Accompagner la parentalité
Mesure 5.1 : Permettre à tous les parents, quelle que soit leur langue maternelle, de prendre facilement connaissance des recommandations pour améliorer la santé de leurs enfants
Mesure 5.2 : Créer des outils d’évaluation et de médiation permettant aux parents de repérer au plus tôt les difficultés de leurs enfants et de leur venir en aide
Mesure 5.3 : Simplifier le carnet de santé, afin de rendre cet outil facile d’utilisation, collaboratif et rassurant
Mesure 5.4 : Encourager la collaboration entre équipes pluridisciplinaires autour de la santé des femmes enceintes et de leur suivi de grossesse sur l’ensemble du territoire français

Proposition 6 : Favoriser les sources d’information fiables et attractives en santé Mesure 6.1 : Adopter les stratégies de marketing digital de pointe afin de démultiplier
l’impact des campagnes d’information portées par les acteurs publics.
Mesure 6.2 : Accompagner les médias dans la communication des informations relatives à la santé
Mesure 6.3 : Encourager la création de contenus fiables, positifs, encourageants et originaux par le grand public
Mesure 6.4 : Créer un label d’information fiable en santé
Mesure 6.5 : Rendre participatif ce dispositif de soutien à la création de contenu
Mesure 6.6 : Former les jeunes à porter leur propre voix et à développer leur esprit critique
Proposition 7 : Mieux réguler l’usage des réseaux sociaux afin de protéger la santé mentale des jeunes
Mesure 7.1 : Créer des messages encourageant l’arrêt du réseau social lorsque son utilisation atteint un certain seuil
Mesure 7.2 : Rendre obligatoire le fait de signaler quand les photos ont été retouchées ou quand un filtre a été appliqué
Mesure 7.3 : Proposer une charte des créateurs de contenu bienveillants Mesure 7.4 : Détecter des jeunes en souffrance
Mesure 7.5 : Faciliter les signalements aux autorités dans le cas de harcèlement

Proposition 8 : Créer un Pass Bien-Être pour tous les jeunes Français
Mesure 8.1 : Développer un formulaire d’auto-évaluation que le bénéficiaire doit remplir avant d’avoir accès à la subvention
Mesure 8.2 : Accorder à tous les jeunes de France une subvention leur permettant d’accéder à divers services en faveur de leur santé
Mesure 8.3 : Adosser au Pass Bien-Être un Observatoire de la littératie en santé des jeunes
Mesure 8.4 : Co-construire, avec les jeunes, une application, facilitant l’utilisation de ces subventions et recensant toutes les informations de santé utiles
Mesure 8.5 : Intégrer des approches de gamification dans le Pass Bien-Être Mesure 8.6 : Faciliter l’accès à des consultations de prévention

Proposition 9 : Encourager l’innovation ouverte
Mesure 9.1 : Créer un « Health promotion data hub » pour centraliser toutes les données issues des associations, startups, mutuelles, collectivités ayant expérimenté et évalué des programmes de promotion de la santé.
Mesure 9.2 : Adosser au Health Promotion Data Hub un incubateur virtuel accompagnant les porteurs de projets dans leurs démarches.
Mesure 9.3 : Créer des appels à solution combinant un appel à besoins et un appel à projets y afférant

Proposition 10 : Acculturer les jeunes à l’entrepreneuriat à impact et valoriser l’engagement citoyen des jeunes
Mesure 10.1 : Développer les programmes d’accompagnement pour les jeunes ayant des projets à fort impact sociétal, dès le stade de l’idée
Mesure 10.2 : Promouvoir ces dispositifs d’accompagnement au sein des lieux d’accueil des jeunes, notamment les établissements scolaires
Mesure 10.3 : Faciliter la création d’associations par les jeunes
Mesure 10.4 : Valoriser les services rendus à la communauté via des dispositifs récompensant l’engagement civique par l’accès à des loisirs ou des services
Mesure 10.5 : Valoriser l’engagement citoyen à l’école
