Le projet de réforme des retraites présenté par la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier dernier deux principaux volets :
- Le report de l’âge légal (celui de l’ouverture des droits) à 64 ans (au lieu de 62), qui se mettrait en place à partir de la génération née au second semestre 1961.
- L’augmentation plus rapide que prévu de la durée de cotisation à 43 ans, qui s’appliquerait dès la génération née en 1964 et non à partir de celle née en 1974 (comme prévu par la réforme Touraine de 2014).
Le système prévu est encore plus inégal
Cette réforme va affecter directement et fortement les moins diplômés, celles et ceux qui ont commencé à travailler
très jeune : en 2020, à 61 ans, 28 % des ouvriers travaillaient encore, mais 35 % n’ont ni emploi ni retraite. Outre les motifs de santé, il s’avère aussi que nombre d’entreprises ne veulent plus de ces seniors jeunes.
Un déplacement de l’âge légal à 64 ans est particulièrement injuste pour les catégories les plus défavorisées qui statistiquement ne vont pas pouvoir bénéficier d’un grand nombre d’années en retraite. Beaucoup trop sont déjà décédés avant même 62 ans.
Le système actuel n’est déjà pas parfait au regard de l’égalité femmes-hommes
En effet, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à subir les carrières hachées (du fait de périodes de congés maternité ou de congés parentaux), l’inactivité, en particulier pour s’occuper de leurs enfants (le taux d’activité des femmes en France est de 68 %, contre 76 % pour les hommes), le temps partiel(29 % des femmes occupent un emploi à temps partiel contre 8 % des hommes) ou encore les bas salaires (le salaire des femmes est toujours inférieur en moyenne de 22 % à celui des hommes en France).
Toutes ces différences se cumulent tout au long de la vie active et expliquent qu’aujourd’hui, comme indiqué précédemment, les pensions de retraites de droit direct des femmes sont inférieures en moyenne de 40 % à celles des hommes et que les femmes sont plus touchées par les (très) petites pensions et par la pauvreté lorsqu’elles sont âgées. Elles expliquent aussi que les femmes ont plus souvent une carrière incomplète que les hommes (et ne partent donc pas à la retraite avec une pension à taux plein) : en 2022, 60 % des femmes qui sont parties en retraite l’ont fait après une carrière complète, contre 75 % des hommes. Elles expliquent, enfin, que les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à continuer à travailler jusqu’à 67 ans (l’âge d’annulation de la décote) : 19 % des femmes travaillent aussi tard, contre 10 % des hommes.
Tous ces éléments doivent être pris en compte lorsque l’on réfléchit à notre système de retraite, et toute réforme associée doit s’en saisir pour tenter d’améliorer la situation.
Enfin, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras indique que « Les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme » : le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) La réforme n’est pas seulement injuste, elle est aussi injustifiée.
C’est la raison pour laquelle j’étais dans la rue, pour la manifestation du jeudi 19 janvier 2023 et que j’y retournerai.
